Accueil > Santé de la mère

24.06.2024

L’allaitement contribue de manière importante à la santé de la mère.

L’allaitement ne consiste pas seulement à nourrir un enfant, des processus importants ont lieu dans le corps de la femme qui allaite et ont une influence positive à long terme sur sa santé. The Lancet 2016 https://www.thelancet.com/series/breastfeeding

Par conséquent l’allaitement présente également de nombreux bénéfices pour la santé maternelle. Il favorise la perte de poids en post-partum, abaisse le risque de diabète de type 2, d’hypertension, de pathologies cardiovasculaires, de cancer du sein et des ovaires, contribue à prévenir l’anémie et l’ostéoporose, aide à l’espacement des naissances (MAMA), favorise la santé mentale et l’attachement par la création d’un lien mère-enfant solide.

Obésité

Voir notre page dédiée à l’obésité

Cancers

Grâce à l’allaitement, il y a une protection contre certains cancers chez la femme.

Cancer du sein

L’allaitement réduit le risque de développer un cancer du sein et des ovaires.

En 2017, le World Cancer Research Fund et l’American Institute for Cancer Research ont émis une série de 10 grandes recommandations pour prévenir le cancer, dont une portant sur l’allaitement. La protection que confère l’allaitement face au risque de cancer du sein est qualifiée de « strong evidence ». World Cancer Research Fund/American Institute for Cancer Research. https://www.wcrf.org/diet-activity-and-cancer/cancer-prevention-recommendations/for-mothers-breastfeed-your-baby-if-you-can/

Une méta-étude de 2017 portant sur 65 études montre une réduction de 28% du risque relatif de cancer du sein chez les mères qui allaitent exclusivement, par rapport aux mères qui n’allaitent jamais. (Unar-Munguia et al. 2017)

Une étude coréenne de 2017 portait sur grossesse, allaitement, ménopause et risque de cancer du sein chez des femmes coréennes. Cette étude suggère que la combinaison d’un allaitement plus long et d’un plus grand nombre d’accouchements réduit plus fortement le risque de cancer du sein, et que les femmes qui ont à la fois deux accouchements ou plus et qui allaitent pendant ≥13 mois peuvent réduire leur risque de cancer du sein d’environ 50 %. Jeong SH et al. J Prev Med Public Health 2017.

Une méta-analyse de 2015 a comparé tout allaitement à l’absence d’allaitement chez des mères ayant le même nombre d’enfants : tout allaitement a réduit le risque de cancer du sein de 22%. L’étude conclut : Cette étude soutient l’hypothèse selon laquelle l’allaitement maternel protège contre le carcinome du sein et de l’ovaire. (Chowdhury et al. 2015).

Une étude de 2012 investigue le lien entre l’allaitement et la réduction du risque de cancer du sein. Le lait maternel est particulièrement riche en anticorps IgA sécrétoires (SIgA), qui jouent un rôle protecteur contre plusieurs maladies. Des données suggèrent que de grandes quantités de cette protéine dans le lait maternel peuvent fournir une protection contre les tumeurs du sein chez les femmes qui ont allaité. França-Honorio AC et al. 2012

Dans une méta-analyse publiée en 2002 et portant sur 47 études menées dans 30 pays, tous les 12 mois d’allaitement au cours de la vie d’une femme signifiaient une réduction du risque de cancer du sein invasif de 4,3 %. Plus les femmes allaitent longtemps, plus elles sont protégées contre le cancer du sein. L’absence d’allaitement ou la courte durée de l’allaitement au cours de la vie, typique des femmes des pays développés, contribue largement à l’incidence élevée du cancer du sein dans ces pays.(The Lancet 2002, Collaborative Group on Breast Cancer 2002).

Bibliographie sur le lien entre cancer et non-allaitement

  • Ligue suisse contre le cancer : https://www.liguecancer.ch/a-propos-du-cancer/prevention/allaiter
  • 2020 : Association between breastfeeding and ovarian cancer risk. Babic A et al. JAMA Oncol
  • 2000 : Breastfeeding and risk of breast cancer: a meta-analysis of published studies. Bernier MO et al. Human Reproduction Update, Volume 6, Issue 4, July 2000, Pages 374–386, https://doi.org/10.1093/humupd/6.4.374
  • 2018 : Impact de la parité et de l’allaitement sur le risque de divers sous-types de cancers ovariens. Histological subtypes of ovarian cancer associated with parity and breastfeeding in the prospective Million Women Study. Gaitskell K et al. 2018
  • 2018 : Reproductive history, breast-feeding and risk of tripple negative breast cancer : the Breast Cancer etiology in Minorities (BEM) study. John EM et al. Int J Cancer 2018 Mots-clés : cancer du sein triple négatif, facteurs reproductifs, allaitement.
  • 2016 : Allaitement et expression du Ki-67, du p54 et du BCL2 dans les cancers du sein. Breastfeeding and immunohistochemical expression of Ki-67, p53 and BCL2 in infiltrating lobular breast carcinoma. Gonzalez-Sistal A et al. PloS ONE 2016 ; 11(3) : e0151093.
  • 2014 : Allaitement et prévention du cancer du sein. Breastfeeding and the prevention of breast cancer : a retrospective review of clinical history. González-Jiménez E et al. J Clin Nurs 2014
  • 2013 : Facteurs reproductifs, récepteurs hormonaux, et risque de cancer du sein. Association between chronological change of reproductive factors and breast cancer risk defined by hormone receptor status : results from the Seoul breast cancer study. Chung S et al. Breast Cancer Res Treat 2013 ; 140(3) : 557-65.
  • 2013 : Lactation et risque de cancer du sein après la ménopause. Investigating the association of lactation history and postmenopausal breast cancer risk in the Women’s Health Initiative. Stendell-Hollis NR et al. Nutr Cancer 2013 ; 65(7) : 969-81.
  • 2002 : Lancet. 2002 Jul 20;360(9328):187-95.(voir ci-dessus) L’équipe du Pr Valérie Beral du Centre de recherche sur le cancer d’Oxford a prouvé qu’un allaitement prolongé diminue le risque d’apparition de ce cancer. Les chercheurs ont ainsi réuni les données de 47 études réalisées dans 30 pays différents, et portant au total sur près de 150 000 femmes : Résultat de l’étude Lancet 2002 1) Les femmes présentant un cancer avaient allaité moins souvent, et moins longtemps que les témoins. 2) Le risque de cancer était diminué de 4,3 % pour une année d’allaitement supplémentaire (sachant que le risque était déjà diminué de 7 % pour chaque naissance).
  • 2000 : Breastfeeding and risk of breast cancer: a meta-analysis of published studies. Bernier MO et al. Human Reproduction Update, Volume 6, Issue 4, July 2000, Pages 374–386, https://doi.org/10.1093/humupd/6.4.374

Epigénétique

Voir la rubrique dédiée sur la page « Immunologie »

Utérus

Dans le postpartum immédiat, l’allaitement et le contact peau à peau permettent, sous l’effet de l’ocytocine naturellement diffusé dans le corps maternel, une involution rapide de l’utérus. Les contractions musculaires permettent à l’utérus (qui est avant tout un muscle) de retrouver son état d’avant la grossesse et limitent la perte de sang au post-partum.

Cette étude suggère que le contact peau à peau et l’allaitement maternel immédiatement après la naissance peuvent être efficaces pour réduire les taux d’HPP chez les femmes, quel que soit leur niveau de risque d’hémorragie du post-partum (PPH primary postpartum haemorrhage). Saxton et al. 2015

Lire aussi : The effect of early initiation of breast feeding on the amount of vaginal blood loss during the fourth stage of labor Sobhy et Mohame 2004, Influence of breastfeeding and nipple stimulation on postpartum uterine activity Chua et al. 1994.

Anémie

L’allaitement contribue à retarder le retour des couches et permet à la mère de préserver des pertes de sang, par conséquent éviter l’anémie.

Il permet une involution rapide de l’utérus après la grossesse par les contractions musculaire (l’utérus est avant tout un muscle) sous l’effet de l’ocytocine naturellement diffusé dans le corps au courant de l’allaitement.

Hypertension

Allaiter a un effet protecteur sur l’hypertension maternelle

Maladies cardio-vasculaires

Endométriose

L’allaitement abaisse le risque d’endométriose.

  • History of breast feeding and risk of incident endometriosis : prospective cohort study. Farland LV et al. BMJ 2017 ; 358 : 3778)

    L’endométriose est une pathologie gynécologique chronique qui touche environ 10 % des femmes aux États-Unis. L’allaitement (et l’aménorrhée lactationnelle qui l’accompagne) pourrait être un facteur de risque modifiable d’endométriose. – L’étude conclut que la durée totale d’allaitement exclusif avaient un impact significatif sur le risque d’endométriose.

L’allaitement diminue les douleurs liées à l’endométriose

  • Effects of breastfeeding on endometriosis-related pain : a prospective observational study. Porta RP et al., Int J Env Res Public Health 2021 ; 18 : 10602. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/34682348/

    L’allaitement, surtout s’il est exclusif, peut entraîner une amélioration de la dysménorrhée et de la douleur chronique pelvienne DPC, proportionnelle à la durée de l’allaitement, ainsi qu’une réduction de la taille des endométriomes ovariens.

Santé mentale maternelle

L’allaitement a aussi dans une certaine mesure un impact positif sur la santé mentale maternelle et réduit le risque de dépression du postpartum. Mais le vécu de la mère qui souhaite allaiter et rencontre des difficultés représente aussi un facteur de stress et de détresse important. Cet état de fait consolide l’idée qu’il faut un soutien adéquant et adapté à toute femme qui désire allaiter.

Une étude de 2022 conclut que globalement, l’allaitement était corrélé à une meilleure santé mentale maternelle. Toutefois, cet impact était influencé par le déroulement de l’allaitement, par les difficultés rencontrées, par la discordance entre les attentes maternelles et son vécu et par l’importance accordée à l’allaitement par la femme dans son rôle de mère. D’autres recherches sur le sujet sont nécessaires.

Il existe un lien clair entre la dépression et la réduction de la durée de l’allaitement sur la base d’une revue qualitative de 48 études. Dias et Figueiredo, 2015

Retrouver son poids normal

L’allaitement exclusif de plus de 6 mois est associé à une taille plus fine.

  • Breastfeeding Greater Than 6 Months Is Associated with Smaller Maternal Waist Circumference Up to One Decade After Delivery. GG Snyder et al. Journal of Women’s Health, Vol. 28, No. 4, 22 April 2019. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/30481097/

Contraception

La méthode MAMA – Méthode l’allaitement maternel et de l’aménorrhée – est une contraception par suppression lactationnelle de l’ovulation grâce à l’allaitement. C’est lors de la succion par le bébé que va être sécrétée la prolactine, hormone qui participe à la fabrication de lait maternel. Cette hormone a entre autres effets d’empêcher l’ovulation.

Cette contraception est fiable à 98 % à condition de respecter certaines règles :

  • allaitement excusif, donc rien d’autre que le lait de la mère
  • le bb est âgé de moins de 6 mois
  • maximum 6 heures entre deux tétées pour maintenir le niveau de prolactine
  • la maman n’a pas eu son retour de couches

Décès maternels évitables

En 2016, Bartick et al. ont simulé selon l’analyse Monte Carlo les décès maternels évitables. Cinq maladies maternelles (cancer du sein, cancer des ovaires, diabète, hypertension et infarctus du myocarde) servaient de base. En cas d’allaitement optimal l’étude a calculé une moyenne de 2619 décès évitables par an. Elle conclut : Les politiques visant à accroître l’allaitement maternel optimal pourraient se traduire par des gains substantiels en termes de santé publique. L’allaitement maternel a un impact plus important sur la santé des femmes qu’on ne le pensait jusqu’à présent. Bartick et al. 2016.