
12.11.2024
L’allaitement confère des facteurs immuno-protecteurs au bébé et l’aide à construire son propre système immunitaire pour la vie.
L’allaitement maternel est aujourd’hui plus important que jamais en tant qu’alimentation optimale de l’enfant d’une part, et d’autre part en raison de son rôle fondamental pour soutenir et construire le système immunitaire humain pour toute la vie.
Document d’IBFAN : L’allaitement et le système immunitaire
Document de janvier 2023 avec 25 références scientifiques édité par IBFAN (Carol Bartle et al).
Le système immunitaire du nouveau-né
Le système immunitaire de l’enfant est immature à la naissance. L’allaitement non seulement protège l’enfant par le transfert d’immunoglobulines et d’autres facteurs immuno-compétents, mais le lait maternel aide le bébé à renforcer et à faire mûrir son système immunitaire.
Comme l’écrivait déjà en 2004 le chercheur Lars A. Hanson : L’allaitement protège le bébé et le nourrit. Les principaux composants du lait humain ne sont pas seulement destinés à la nutrition, mais à la défense de l’hôte (voir Immunobiologie du lait humain – Comment l’allaitement protège les bébés, 2004).
Les connaissances et la recherche sur le rôle dynamique, protecteur et physiologico-immunitaire du lait maternel révèlent le rôle important et l’impact durable sur la santé de l’enfant allaité – santé du futur adulte.

Microbiote
Le microbiote est la grande variété de micro-organismes qui vivent dans un certain environnement : le « microbiote humain » comprend donc toutes les bactéries, tous les virus, tous les champignons et tous les autres organismes unicellulaires qui vivent dans le corps humain. Chaque corps humain est l’hôte de 10 à 100 billions de micro-organismes appartenant à plus de 1 000 espèces différentes. Ces organismes vivent dans de nombreux endroits du corps humain, tels que la peau, l’intestin, la bouche, les poumons, etc. comme égalment dans le lait maternel.
L’allaitement maternel construit et nourrit le microbiote de l’enfant, le lait maternel agit sur la flore intestinale et les muqueuses, deux importants filtres protecteurs contre les agents pathogènes et les virus. Comme l’écrivait le chercheur Lars A Hanson déjà en 2004 : l’allaitement protège le bébé, et en plus, il le nourrit : « Les composants principaux du lait humain ne sont pas en premier lieu pour nourrir, mais pour défendre le bébé. » (dans Immunobiology of Human Milk – How Breastfeeding protects babies, 2004).
Microbiote et système immunitaire
Ames et al. décrivent les larges impacts de l’allaitement sur le microbiote et le développement du système immunitaire. Le système immunitaire est immature à la naissance. On peut détecter des lymphocytes B et C actifs chez l’enfant à partir de 12 semaines, mais ils sont beaucoup plus de nature à induire une tolérance aux antigènes qu’à participer à la lutte contre les pathogènes. Par ailleurs, la barrière intestinale présente une certaine perméabilité pendant au moins les 6 premiers mois, ce qui permet la translocation de macromolécules telles que les immunoglobulines (Ig).
Le microbiote intestinal se met en place pendant les premières semaines, et il aura un impact majeur sur le développement du système immunitaire, incluant l’acquisition d’une tolérance orale et la mise en place des défenses vis-à-vis des pathogènes. Bien connaître tous les facteurs, en particulier alimentaires, qui modulent tous ces phénomènes est essentiel pour les optimiser chez tous les nourrissons. Les auteurs font le point sur le sujet : cellules immunitaires, enzymes et protéines bioactives, immunoglobulines, oligosaccharides, miARN.- Ils notent surtout que : « Les laits industriels ne contiennent presque aucun des composants immunomodulateurs du lait humain, et ils ne constituent pas un apport nutritionnel dynamique et personnalisé. »
Microbiom nasal – intestinal
L’allaitement et la colonisation microbienne pendant la petite enfance se produisent dans une fenêtre temporelle critique pour le développement, et l’on pense que tous deux influencent le risque de maladie respiratoire. Cependant, les mécanismes qui sous-tendent les effets protecteurs de l’allaitement et la régulation de la colonisation microbienne sont mal compris. Ici, nous avons établi le profil des microbiomes nasaux et intestinaux, des caractéristiques de l’allaitement et de la composition du lait maternel chez 2 227 enfants de l’étude de cohorte CHILD. Nous avons identifié des schémas de colonisation robustes qui, avec les composants du lait, prédisent l’asthme préscolaire et médient les effets protecteurs de l’allaitement. Nous avons constaté que l’arrêt précoce de l’allaitement (avant 3 mois) entraîne l’acquisition prématurée d’espèces et de fonctions microbiennes, notamment Ruminococcus gnavus et la biosynthèse du tryptophane, qui ont été précédemment associées à la modulation immunitaire et à l’asthme. À l’inverse, un allaitement exclusif plus long favorise un développement microbien plus rapide, ce qui protège contre l’asthme. Ces résultats soulignent l’importance d’un allaitement maternel prolongé pour la santé respiratoire et mettent en évidence des cibles microbiennes potentielles pour l’intervention. Shenhav et al. 2024 https://www.cell.com/cell/fulltext/S0092-8674(24)00782-7

Thymus
Durant les premiers 2 ans, le thymus de l’enfant allaité a une taille exceptionnel, c’est « l’organe » qui produit les lymphocytes T ou lymphocytes « tueurs » de cellules infectées et qui joue par conséquent un rôle important dans la lutte contre des agressions sur le plan immunitaire. Chez l’enfant non allaité, la taille du thymus est deux fois plus petite.
HAMLET
Le complexe protéino-lipid HAMLET (Human Alphalactalbumine Made Lethal to Tumor cells) a un large spectre d’activité contre des cellules cancéreuses d’origine différentes. (Ho et al. 2017 https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0006291X1631779X)
Propriétés antivirales
Le geste d’allaiter signifie bien davantage que le seul transfert nutritif de lait humain. C’est un processus biologique dynamique qui nécessite un contact étroit entre la mère et son bébé afin que la mère produise via son tissus mammaire les facteurs de protection en fonction de son environnement et de sa propre exposition à des agents infectieux.
- Morniroli D et al. The antiviral properties of human milk : a multitude of defence tools from mother nature. Nutrients 2021 ; 13 : 694. https://www.mdpi.com/2072-6643/13/2/694
- Wedekind SIS, Shenker NS. Antiviral properties of human milk. Microorganisms 2021 ; 9 : 715. https://www.mdpi.com/2076-2607/9/4/715
Anticorps contre le SARS-CoV-2 virus, voir la page Covid-19 et allaitement
Facteurs immuno-protecteurs
La liste suivante présente les facteurs immuno-protecteurs qui sont transmis à l’enfant par l’allaitement.
Anticorps contre le SARS-CoV-2 virus, voir la page Covid-19 et allaitement
alpha-Lactalbumin (variant)
alpha-lactoglobulin
alpha2-macroglobulin (like)
ß-defensin-1
Bifidobacterium bifidum
Carbohydrate
Casein
CCL28 (CC-chemokine)
Chondroitin sulphate (-like)
Complement C1-C9
Folate
Free secretory component
Fucosylated oligosaccharides
Gangliosides GM1-3, GD1a, GT1b, GQ1b
Glycolipid Gb3, Gb
Glycopeptides
Glycoproteins (mannosylated)
Glycoproteins (receptor-like)
Glycoproteins (sialic acid-containing or terminal galactose)
Haemagglutinin inhibitors
Heparin
IgA
IgG
IgM
IgD
kappa-Casein
Lactadherin (mucin-associated glycoprotein)
lactoferrin
Lactoperoxidase Lewis antigens
Lipids
Lysozyme
Milk cells (macrophages, neutrophils, B & T lymphocytes)
Mucin (muc-1; milk fat globulin membrane)
Nonimmunoglobulin macromolecules (milk fat, proteins)
Oligosaccharides (env. 200 oligosaccharides humaines connues à ce jour)
Phosphatidylethanolamine
(Tri to penta) phosphorylated beta-casein
Prostaglandins E1, E2, F2 alpha
RANTES (CC-chemokine)
Ribonuclease
Secretory IgA
Secretory leukocyte protease inhibitor (antileukocyte protease; SLPI)
Sialic acid-glycoproteins
sialylated oligosaccharides
Sialyllactose
Sialyloligosaccharides on sIgA(Fc)
Soluble bacterial pattern recognition receptor CD14
Soluble intracellular adhesion molecule 1 (ICAM-1)
Soluble vascular cell adhesion molecule 1 (VCAM-1)
Sulphatide (sulphogalactosylceramide)
Trypsin inhibitor
Vitamin A
vitamin B12
Xanthine oxidase (with added hypoxanthine)
Zinc
Covid-19, l’allaitement et la protection immunitaire
Voir la page dédiée Covid-19 et allaitement
Composition du lait maternel
Voir la page dédiée Composition du lait maternel
Allaitement et informations épigénétiques transférées à l’enfant
Voir la page dédiée Epigénétique
Les risques de l’alimentation artificielle pour le système immunitaire
Les risques sont essentiellement de priver l’enfant des nombreux composants bio-dynamiques du lait maternel. Pour obtenir des informations sur les bénéfices de l’allaitement, consultez The Lancet Breastfeeding Series 2016.
En ce qui concerne la régulation de la santé à court et à long terme, il faut garder à l’esprit que « Les laits industriels ne contiennent presque aucun des composants immunomodulateurs du lait humain, et ils ne constituent pas un apport nutritionnel dynamique et personnalisé. » Voir ci-dessus, Ames SR et al. 2023 https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/37055920/
Ces risques sont connus depuis longtemps. Le document suivant, rédigé par le Dr Jack Newman, énumère les résultats des recherches sur l’impact négatif de l’alimentation articifielle à partir de 1998.